Heyy c'est moi Zoé alias Parvati ou Zo& -voyez le manque d'inspiration- et encore parfois Spearmint... en fait j'aime pas garder un pseudo c'est bête je sais!  Pour la petite histoire, je suis étudiante en histoire et archéologie / histoire de l'art, j'ai un problème sérieux avec tout ce qui touche aux légendes et mystères de ce monde... et en attendant de soigner ce beau mal j'ai craqué pour un énième rpg à cause de ces merveilleuses admins et de leur merveilleuse plume et imagination.  

De nos jours, à bord du Georges Washington.

New-York s’éloigne lentement, mais la vision de la jeune femme s’obscurcit par les nuages vaporeux du bateau qui déjà commence sa course folle. Ses doigts resserrent autour de ses épaules un châle d’une laine de qualité aux mailles finement ouvragées. Ses yeux dans un effort déterminé tentent de ne rien perdre du spectacle de la terre ferme car qui sait pour combien de temps elle en sera absente? Au lent rythme des machines dont le rouage semble déjà incessant elle essaye de se souvenir… Qui aurait cru qu’une simple fille de vendeur de laine se retrouverait sur l’expédition la plus convoitée de la célèbre famille Beechman?

Automne, 1891.

La main gantée de Freyja glissa dans celle du salarié qui a effectué la traversée avec eux. Copenhague. Après des semaines passées en mer, elle touche enfin la terre de son futur, la terre pleine de promesses. Un sourire enchanteur et des rêves pleins les yeux elle descend la dernière marche qui la relie à son Islande natale. Le pas est grand.

« Bienvenue au Danemark mademoiselle Sorendóttir! »

Enivrée elle oublie de le remercier de sa gentillesse pendant le voyage et c’est à peine si elle retient son chapeau parisien qui frémit sous l’air frais matinal. La tournure un peu trop étriquée elle s’avance vers ce qui sera son destin.

Freyja devait loger chez Mademoiselle Hanne, qui était en fait une vieille fille de la haute-bourgeoisie danoise bien que tous l’appelaient respectueusement, la veuve Hanne. Les origines de sa naissance restaient un mystère, on murmurait dans les Salons qu’elle était bâtarde d’un des barons  Ahlefeldt von Dehn. En plus d’une richesse non négligeable, la nature l’avait dotée d’un vif esprit avant gardiste. Friande des sources chaudes de Grettislaug, il n’était pas rare qu’elle restât de longues semaines dans la propriété des Sorensen dont elle appréciait les filles aux passions débordantes. C’était avec un vif intérêt qu’elle avait toujours poussé l’aîné à faire des études littéraires et lui avait promis de l’accueillir chez elle quand le temps serait venu. Et le temps était venu.

Quand la tête blonde de l’Islandaise sortie de la voiture apprêtée de son maître d’hôte -et désormais chaperon- elle ne put s’empêcher de détacher ses yeux des merveilles architecturales qui l’entourait. Soudain, lui semblèrent bien loin les maisons de bois colorées de son île éloignée, comme un mirage… Et si à ce moment son être tout entier se sentit écrasé par tant de nouveautés, elle oublierait bien vite cette angoisse quand, quelques jours plus tard elle découvrirait l’université… dont elle tomba immédiatement amoureuse.

Une musique s’élève doucement dans la grande salle, où les convives se côtoient pour la première fois. L’ambiance est feutrée, élégance féminine et courtoisie masculine. La crêpe de soie bleuté de Freyja taquine le planché lustré tandis que les serveurs proposent des coupes de champagne français. La jeune femme observe à travers les bulles ses équipiers dont l’image quasi idyllique se superpose aux détails de la pièce.  


Derrière son éventail qu’elle tente d’user à bon escient elle observe les danseurs évoluer dans la grande salle de l’hôtel particulier où la veuve Hanne l’a traîné, à son plus grand désespoir. A ces bals elle préfère le salon de la veuve ou de ses amis faisant partis de l’intelligentsia danoise. Ici, elle se sent comme un imposteur dans sa robe de princesse. Ici encore, les jeunes gens ne l’invitent que par pur bonté envers la veuve, elle sait qu’elle leur fait peur. Une femme savante et qui plus est une roturière campagnarde qui n’a pour richesse que des moutons à des milliers de kilomètres d’ici… Et il faut dire qu’elle semble aussi froide que cette terre dont elle vient. Non, Freyja n’a aucun intérêt pour les jeunes hommes de bonnes familles et ça tombe bien puisque voilà des années qu’elle s’est désintéressée de ce monde auquel pourtant elle avait longtemps rêvé d’appartenir!

« Vous ne dansez pas? »

Mais la Freyja rêveuse qui était descendue du bateau un matin de printemps était endormie depuis longtemps maintenant… Ses joues pimpantes et rosées de malice s’étaient amincies et fanées, faute aux bibliothèques où l’air est comprimé. Faute aux dieux et déesses à qui elle voue toute sa jeunesse. Aux jeunes danseurs des bals de la cour elle préférait la poussière qui à défaut d’une plastique virevoltait tout aussi bien, si même mieux. A la musique des orchestres et des incessantes valses du vieux monde elle préférait le bruit du crayon qui frotte la feuille, qui raye et qui se casse. Elle préférait courir après le temps que de le consommer à des futilités existentielles. Travailleuse elle ne laissait place dans sa vie qu’à de rares moments à la paresse et encore celle-ci lui était obligatoire. Pour la plupart elle était ennuyante.

« Pas si je n'y suis obligée. »



S'ensuivait ensuite une moue qui faisait reculer les plus aventureux, son éventail cachant son visage satisfait, elle s’enfuyait sans un mot….

Ses grands yeux froids observent les personnalités qui l’entourent, ici, au milieu de nul part sur cet océan sans horizons verdoyants, elle se sent chez elle. Elle fait partie intégrante de cet équipage qui vogue vers une aventure dont nul ne sait quel en sera le dénouement. Au milieu de ces gens, tous spéciaux elle ne se sent plus ennuyante, elle sent qu’elle a enfin -après toutes ces années- trouvé sa voie, son aventure, cette palpitation du coeur qui lui faisait défaut...   

Printemps 1896.

Un sourire s’esquisse faiblement sur les lèvres de l’aîné aux dires d’Arina. Elle a toujours été la plus drôle des trois, la plus enjouée… Mais Freyja, inflexible refuse de laisser leur cabinet : il y a encore tant de choses à faire! Il faut envoyer tous ces télégrammes à ses amis du continent… Puis il faut encore répondre à cet aventurier, ce certain Beechman, qui vient de leur répondre qu’il serait intéressé par leur entreprise… Mais Freyja n’a pas le temps d’expliquer ça à ses deux soeurs qui déjà virevoltent dehors sous la douce brise de septembre et Freyja ne peut que les observer s’éloigner à contrecoeur… La vérité c’est qu’elle se noie dans un travail qui est parfois imaginaire pour fuir les autres qui la dévisagent étrangement… Force est de constater que si au Danemark elle était une étrangère, après six années d’absence elle en est devenue une ici. Les mégères de la petite bourgeoisie locale la dévisageait en chuchotant : l’intellectuelle, la présomptueuse pourquoi n’avait-elle pas pris un de leurs fils comme époux que ses soeurs avaient aussi suivies sa voie! Malheureuse! Si elle avait était pendant des années la campagnarde, l’insulaire avec une ère de retard sur l’époque qui avançait trop vite, beaucoup trop vite pour la fille de l’industriel, ici… Ah ici elle était la jeune femme qui les avait trahis pour le continent, et qui aujourd’hui avec ses grands airs était beaucoup trop savante, un temps d’avance sur son époque. Elle ne sentait plus chez elle et même ses soeurs remarquaient souvent qu’elle avait perdu toute sa chaleur et son malice d’antan… Alors elle se réfugiait dans le travail, elle s’occupait d’envoyer des lettres à ses amis intellectuels danois, des articles qu’elle faisait traduire à Arina pour qu’ils puissent être traduit dans plusieurs journaux, et quand les universitaires arrivaient sur ce sol dépaysant Ràn s’en occupait soigneusement en leur faisant parcourir les contrées à la recherche de nouveaux sites et de nouvelles merveilles. Freyja, un cahier de note à la main les suivait avec avidité, apprenant toujours plus et rédigeant toutes les nouvelles découvertes. Cette routine aurait pu continuer longtemps, mais Freyja était effacée et elle sentait en son coeur un rythme infatigable qui la poussait à aller encore plus loin, vers une aventure qui la surpasserait! L'océan dans une palpitation incessante l'appelait à nouveau...


Ses soeurs disparues dans les rues colorées de Reykjavik, elle retourne à son bureau, trempe sa plume dans une encre épaisse et s'empresse de répondre à cet homme que Ràn lui a recommandé et qui demande à la rencontrer. Un Américain que sa cadette semblait apprécier... Elle chassa cette pensée qu'il lui était inconnue part un léger mouvement du front : elle n'avait pas le temps pour ce genre d'égarement.

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