Dossier de renseignement confidentiel de Scotland Yard. Rapport succinct sur les sujets douteux de sa majesté et en particulier les pilleurs de tombes et trafiquants d’antiquités. Dossier rédigé à la demande de « M » dirigeant des services secrets britanniques, qui cherche à classer et recueillir des informations sur divers aventuriers en vue, afin de pouvoir faire appel à leurs services le moment venu pour perpétuer la gloire de l’empire britannique dans nos colonies.

Dossier n°64. Marqué : « Chronologie/faits connus/observations ». Sujet : O’CONNOR WILLIAM/autres noms d’emprunts inconnus/Sexe masculin/Race blanche/né le 12 mai 1870 à Alexandrie. Compilé le 10/06/1898. Marqué : CONFIDENTIEL.

1.-Résumé : le sujet WILLIAM O’CONNOR doit être considéré comme un élément britannique particulièrement instable, possédant depuis des années des liens multiples avec de nombreux individus douteux : voleurs, aventuriers, explorateurs, trafiquants d’antiquités, pilleurs de tombes, cheik arabes et autres petits seigneurs de guerres. Il a été classé niveaux 4 comme source d’intérêt pour les services secrets britanniques (en fait pour la section sur les enquêtes occultes) depuis qu’il a été lié à l’affaire dîtes de « la Momie d’Al Uqsur ». Le sujet WILLIAM O’CONNOR a également été soupçonné par nos services (sans preuves) de participation à des vols de sarcophages et vases antiques au Caire et à Alexandrie/ pas d’informations complémentaires disponibles. Et de deux fusillades contre des sbires de seigneur de guerre dans le désert du Rubd Al Khali, suite à l’enlèvement par ceux-ci d’aventuriers et citoyens britanniques/ pas d’informations complémentaires disponibles.

Le grand-père du sujet WILLIAM O’CONNOR, ISIDORE NATHAN O’CONNOR (1813-1861) était un commerçant de Dublin qui s’est installé à Belfast. Son père LIAM COLEMAN O’CONNOR (1840-1882) choisit la carrière militaire dans le reste de l’empire et partit en Egypte. Il y vécut avec sa femme HELEN HERSCHEL O’CONNOR. (1842-1882). Leur décès en 1882 laissa le sujet WILLIAM O’CONNOR orphelin. Il est apparut pour la première fois sur les dossiers de la police de l’empire en 1889, lorsqu’il fut incarcéré à Alexandrie pour ivresse sur la voie publique.

2.-Le sujet WILLIAM O’CONNOR se considère comme un aventurier itinérant. Il entretient depuis des années des relations avec de nombreux individus qui ont attiré notre attention en bien ou en mal. Le sujet WILLIAM O’CONNOR voyage abondamment en dehors des frontières de l’Egypte qui lui sert de « base » et où il revient fréquemment après chacun de ses grands voyages. Voir la chronologie ci-dessous.

3.- Il est notoire que le sujet WILLIAM O’CONNOR participe à de nombreux trafics d’antiquités dont il s’est fait une spécialité : sarcophage de momies, têtes réduites de momies, vases canopes de momies, et même momies tout court. Mais aussi vases anciens, sculptures, livres rares et autres objets de valeurs. Il se déplace fréquemment dans les pays qu’il visite, restant très rarement plusieurs jours au même endroit, ce qui rend toute enquête et filature de Scotland Yard sur lui très difficile. Des témoins attestent que le sujet WILLIAM O’CONNOR était présent : pendant un « combat » qui a vu un affrontement entre une soi-disant « momie » (phénomène encore inexpliqué par la section de Scotland Yard sur le paranormal) et les gardes fusiller de sa majesté en pleine nuit devant le site de Gizeh. Pendant un affrontement entre une soi-disant « momie » et une tribu arabe au sud d’un site de recherche archéologique sur la rive ouest du Nil face à Arsouf. Enfin, pendant une altercation avec une soi-disant « momie » dans l’oasis d’An-Naziate à 300 Km du Caire.

Note : l’accès aux documents annexes : « Momie », « paranormal » et « secrets égyptiens » nécessitent la triple autorisation du directeur de Scotland Yard, du gouverneur d’Egypte et du ministre de l’intérieur de sa majesté.

5.- Le sujet WILLIAM O’CONNOR (dont on ignore où il se trouve actuellement) doit être considéré comme capable de représenter un risque pour la sécurité intérieure de l’empire britannique, en raison de ses relations dans le monde de la criminalité et de la contrebande, et des évènements paranormaux auxquels il se confronte régulièrement.

Chronologie :

(On notera que la plupart des informations sont des rumeurs et qu’on manque de sources sur le parcours du sujet WILLIAM O’CONNOR.)

1870-1882 : Enfance à Alexandrie.

1882-1883 : Orphelin, devient tour à tour apprenti boucher et garçon de course chez les commerçants d’Alexandrie.

1884-1885 : voyage dans diverses caravanes au bord du Nil puis dans les déserts du Soudan, est à la fois voleur, guide et pilleur de tombe.

1886-1887 : Devient brièvement soldat dans le Somaliland au service de sa majesté. Se confronte aux tribus de l’Ogaden. Déserte et disparait dans le désert. On le retrouve plus tard comme trafiquant d’antiquités à Mogadiscio.

1888 : Les versions divergent : soit O’CONNOR a dérobé une partie du trésor du pharaon Thoutmosis III lors de la découverte de son temple funéraire, soit il a affronté les pillards qui tentaient de le dérober aux archéologues européens. (Nous en avons conclut qu’il avait fait un peu des deux.)

1889-1891 : Aucune trace connue de ses activités. Ses agissements sont en grande partie ignorés. On croit savoir qu’O’CONNOR a beaucoup voyagé à travers le monde pendant cette période. Les services secrets de sa majesté en Amérique du Sud possèdent une fiche à son sujet, daté d’Octobre 1889. O’CONNOR y est soupçonné d’avoir pillé la pyramide aztèque de Tenochtitlan et d’avoir dérobé la couronne des anciens empereurs. Il l’aurait revendu au marché noir après s’être vanté d’avoir défait la momie de Moctezuma II. La police française l’a aussi expulsé d’Indochine en 1890, après qu’il ait pillé le temple d’Angkor Vat. Les autorités locales lui épargneront la prison pour les avoir « débarrassé de la momie d’un ancien empereur khmer ».

1892-1893 : Réapparait en Iran. Le bureau de la British Army possède sur lui un dossier de 41 pages. Non content d’avoir dérobé des antiquités précieuses à Ispahan, il a été traqué par les tribus qadjars à travers tout le désert du Baloudchistan pour avoir séduit la fille du Shah Perse, puis d’avoir prit la fuite sans honorer la promesse de mariage. Dans la foulée sa tête a été mise à prix par un émir Ottoman pour avoir séduit sa fille et par un propriétaire terrien britannique au Yemen pour avoir fait de même sans honorer sa promesse de mariage.

1894-1896 : Arrive en Afrique du Sud pendant l’été 1894. Il passera l’essentiel de son temps à chasser les fauves dans la brousse et à se faire oublier suite à ses soucis de séductions précédents. Brancardier/infirmier volontaire pendant les conflits entre les Boers et les soldats de sa majesté. Il semble qu’il ait mal vécu les guerres dans le Transvaal.

1897-1898 : Passe la majorité de l’année 1897 à évoluer de ville en ville en Egypte. On comprendra plus tard qu’il suivait un groupe d’archéologue qui avait déterré le sarcophage d’un ancien prêtre maudit. Une sois-disant «momie » sèmera la panique et la confusion dans un port de la mer rouge avant de se retrouver face à O’CONNOR qui réglera la situation avant de prendre la fuite. L’année suivante, on le retrouve au Penjab où il entretient une brève idylle avec la fille de Deewana Ji, le Maharadja de Porpandar qui le condamnera à être emprisonné à vie, pour avoir poursuivis sa fille de ses assiduités. Il s’échappe de l’Inde miraculeusement. Toujours en fuite à cette date, O’CONNOR est réapparut à notre grande surprise en Europe où il s’est joint à une expédition douteuse qui se consacre à découvrir l’Atlantide.

Annexe aux dossiers :

(Les extraits ci-dessous sont tirés de l’autobiographie d’O’CONNOR qu’il a rédigé pendant son incarcération en Inde. Quasiment tous ses écrits on été détruit par le feu par inadvertance lors de son évasion, mais Scotland Yard a pu récupérer quelques extraits qui n’étaient pas calcinés).

Extrait 1 :

Le brahmane adorateur du Bahghavad Gita qui partage ma peine lit mon histoire au fur et à mesure que j’écris mon autobiographie. Il m’exaspère. Il sait lire l’arabe, le pachtou, le perse, l’hindoue, le turc et l’anglais. Que je ne ressente aucun remord pour les tombes que j’ai pillé et les objets que j’ai volé au cours de ma vie lui semble incompréhensible. Dans ma situation, pas mal de captifs occidentaux auraient sautés sur l’occasion pour écrire un récit afin d’offrir un portrait flatteur d’eux-mêmes. Mais puisque je n’ai aucun espoir de quitter un jour ma prison, je me refuse à cela, ce serait tout simplement malhonnête au sens vrai du terme. De même, je ne trouverais aucune justification pour mon attitude en arrangeant mes actes à l’absurdité (reconnue) de ce que nous autres occidentaux, faisons dans les contrées lointaines, devenues colonies. En parcourant l’orient et d’autres continents, j’ai été capable d’exister à un degré que seuls les grands voyageurs peuvent comprendre. La perte de mes parents très tôt LAS-BAS, m’a très vite convaincu que le seul moyen d’oublier, c’était de courir la bride sur le coup partout AILLEURS et de n’obéir à aucune règle, du moment que je faisais du mal à personne. Alors que mes voyages soient seuls juges. Ils sont les miens en propres. Personne ne peut trouver à y redire.

Ici même dans ma cellule je dispose de tout ce dont j’ai besoin pour donner vie à mon récit. Une machine à écrire Rand McNeilly que les thugs ont du voler à un missionnaire après l’avoir tué, du papier en quantité, une carte du monde et un crayon. Je vais marquer une croix à chaque endroit du globe où j’ai tué une momie au fur et à mesure de mon récit. Je vais vous faire des révélations sur elles qui n’ont jamais été faite auparavant. J’étais là. J’ai fait ce que j’ai fait, et j’ai vu ce que j’ai vu. Vous savez déjà que vous allez vous laisser convaincre. Vous pressentez déjà qu’il y a des choses encore inconnues et inexplorées dans ce monde. Je suis venus vous dire que tout est vrai et que ce n’est pas du tout ce que vous pensez. Vous me lirez avec une certaine réticence et vous finirez par capituler. Les pages qui suivent vous contraindront à succomber. Je vais tout vous raconter.

Extrait 2 :

J’ai rédigé environ 800 pages. Le brahmane compagnon de ma cellule est en train de lire les dernières. Je l’ai observé pendant presque une heure et il semblait effrayé par ce qu’il lisait sur les momies. C’est terminé pour moi, il y a trop de croix que j’ai tracée au crayon sur ma carte. Je vous ais tout raconté avec une absolue franchise, et vous en conclurez ce que bon vous semblera. J’ai conquis le droit à la crédibilité en me décrivant avec honnêteté, jusque dans mes faiblesses. Alors croyez moi lorsque je vous dis ceci : en voyageant autant vers des terres lointaines, perdues ou inexplorées. J’ai ressentit des émotions que nul terme ne pourra jamais décrire, qu’il soit mystique, philosophique ou humain.

C’en est finis maintenant, je me refuse à rester emprisonné ici jusqu’à la fin de mes jours. Maintenant que j’ai achevé mon récit, il serait inacceptable de vivre en captivité plus longtemps. Je vais m’évader avec l’aide du Brahmane. Vers ou ? Vers des espaces au-delà de toutes les lois, de toutes les routes, de toutes les limites.

Je continuerais